MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION ET DE LA FORMATION
UNIVERSITÉ DE PÉDAGOGIE DE HO CHI MINH VILLE
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TRẦN THỊ THU THỦY
COMMUNICATION PROFESSIONNELLE :
INTERACTION DES MATIÈRES
Étude de cas à l’école des Beaux-Arts et du Tourisme de Nha Trang
Master en Didactique du FLE
Code: 60 14 10
Sous la direction de Madame TRẦN THỊ MAI YẾN
Ho Chi Minh ville – 2011
REMERCIEMENTS
Au terme de ce travail de mémoire long et épuisant, mais qui constitue une
étape décisive dans notre formation personnelle, nous voudrions adresser nos
sentiments de profonde reconnaissance à :
- Madame TRAN THI MAI YEN. Directeur de grande rigueur scientifique, elle a
su, par sa perspicacité et sa patience sans faille, nous encourager à nous surpasser.
C’est vraiment une grande chance pour nous d’avoir pu effectuer cette recherche
sous sa direction ;
- Tous les professeurs et le personnel du Département de Français de l’Université
Pédagogique de HCMV. Sans leurs enseignements, leur soutien et leurs
encouragements, ce travail n’aurait jamais vu le jour ;
- Le Directeur de l’école des Beaux-Arts et du Tourisme qui ont créé des conditions
favorables pour notre recherche sur le terrain ;
- Tous les enseignants et étudiants de l’école des Beaux-Arts et du Tourisme qui ont
bien voulu nous servir d’informateurs francs et efficaces.
SOMMAIRE
B
0
SOMMAIRE ..................................................................................................... - 4 T
2
2T
INTRODUCTION ............................................................................................ - 6 T
2
2T
CHAPITRE 1 : CADRE CONCEPTUEL ..................................................... - 12 T
2
T
2
1. CHAMPS THÉORIQUE ........................................................................ - 13 T
2
1.1. COMMUNICATION DANS LA VIE QUOTIDIENNE ................. - 13 2T
2T
2T
T
2
1.1.1. Quelques éléments de définition .................................................... - 13 2T
2T
2T
T
2
1.1.2. La compétence de la communication ............................................. - 17 2T
2T
2T
T
2
1.2. COMMUNICATION DANS LE DOMAINE DU TOURISME ...... - 22 2T
2T
2T
T
2
1.2.1. La communication professionnelle ................................................ - 22 2T
2T
2T
T
2
1.2.2. La communication dans le domaine du tourisme ........................... - 25 2T
2T
2T
T
2
1.3. FORMATION PROFESSIONNALISANTE .................................. - 28 2T
2T
2T
T
2
1.3.1. La formation professionnalisante .................................................. - 28 2T
2T
2T
T
2
1.3.2. La situation-problème ................................................................... - 31 2T
2T
2T
T
2
2. LIENS ENTRE LES CONCEPTS ARBORDÉS ET L’ÉTUDE DU
T
2
TERRAIN .................................................................................................. - 33 3. MÉTHODOLOGIE DE RECHERCHE .................................................. - 34 T
2
CHAPITRE 2 : ÉTUDE DU TERRAIN ........................................................ - 36 T
2
T
2
1. PRÉSENTATION GÉNÉRALE ............................................................. - 36 T
2
T
2
1.1. OBJECTIF ..................................................................................... - 36 2T
2T
2T
2T
1.2. MÉTHODOLOGIE ........................................................................ - 37 2T
2T
2T
T
2
1.2.1. Analyse des programmes............................................................... - 38 2T
2T
2T
T
2
1.2.2. Enquête par questionnaire ............................................................. - 39 2T
2T
2T
T
2
1.2.3. Observation de classe .................................................................... - 40 2T
2T
2T
T
2
1.3. PUBLIC ......................................................................................... - 44 2T
2T
2T
2T
2. ANALYSE DES DONNÉES .................................................................. - 45 T
2
2.1. ÉLÉMENTS DE RÉPONSE À LA QUESTION 1 ........................... - 45 2T
T
2
2.2. ÉLÉMENTS DE RÉPONSE À LA QUESTION 2 ........................... - 56 2T
T
2
2.3. ÉLÉMENTS DE RÉPONSE À LA QUESTION 3 ........................... - 66 2T
T
2
3. CONCLUSION À L’ÉTUDE DU TERRAIN ......................................... - 70 T
2
CHAPITRE 3 : QUELQUES RÉFLEXIONS D’ORDRE PÉDAGOGIQUE- 73
T
2
T
2
1. CONCERNANT L’ÉCOLE DES BEAUX-ARTS ET DU TOURISME DE
T
2
NHA TRANG............................................................................................. - 74 2T
2. TYPOLOGIE DES SITUATIONS-PROBLÈMES POUR LA PRATIQUE
T
2
DE LANGUE DU FOS EN HÔTELLERIE-RESTAURATION ................. - 77 T
2
CONCLUSION GÉNÉRALE ........................................................................ - 88 T
2
T
2
BIBLIOGRAPHIE ......................................................................................... - 94 T
2
2T
SITOGRAPHIE .............................................................................................. - 97 T
2
2T
TABLE DES MATIÈRES .............................................................................. - 98 T
2
2T
ANNEXES .................................................................................................... - 100 T
2
2T
INTRODUCTION
1B
Construite depuis 31 ans, l’école des Beaux-Arts et du Tourisme de Nha
Trang (l’EBAT)
offre des formations sur les domaines suivants : Musique et
Danse, Théâtre, Peinture, Culture et Tourisme. Le département de Tourisme, créé
en 2000, devient le département le plus grand de l’EBAT aujourd’hui. Les étudiants
s’y inscrivent pour la formation du Guide Touristique ou pour celle de la Gestion de
l’hôtellerie et de la restauration. Ils ont les cours professionnels en vietnamien. Les
langues étrangères (l’anglais, le français, le chinois, le russe, le japonais, le coréen)
sont apprises comme les langues à objectifs spécifiques.
L’enseignement-apprentissage du français à objectifs spécifiques (FOS) à
l’EBAT a ainsi pour but de permettre aux étudiants de communiquer en français
dans des situations courantes des métiers du tourisme : guide touristique,
réceptionniste, commis de salle ou
maître d’hôtel. Alors, les compétences
prioritaires à faire acquérir aux étudiants doivent être celles de l’expression orale et
de la compréhension orale. L’enseignement du français se déroule pendant cinq
semestres avec 750 séances (45 minutes par séance) réparties de manière suivante
1er semestre
150 séances
Français général
2er semestre
150 séances
Français général
75 séances
Français général
75 séances
FOS
2er semestre
150 séances
FOS
1er semestre
150 séances
FOS
P
Première année
P
P
Troisième année
P
1er semestre
P
Deuxième année
P
P
P
P
P
Enseignant le FOS à l’EBAT depuis 4 ans, nous pourrions nous prétendre
d’avoir maintenant une appréciation générale sur la compétence de communication
de nos étudiants dans des situations professionnelles : La plupart ont acquis bon
nombre de connaissances linguistiques mais ils ont encore des difficultés en
communiquant avec des clients français dans des vraies situations professionnelles.
Celles-ci se manifestent surtout en compétence de communication verbale
interpersonnelle (serveur – client ou réceptionniste – client) : Ils n’arrivent pas à se
faire comprendre et satisfaire de différentes questions des clients quand ils doivent
résoudre des situations-problèmes.
Ceci nous fait poser les questions suivantes : Pourquoi nos étudiants ne
peuvent-ils pas communiquer dans des situations professionnelles ? Est-ce que leurs
compétences de communication en situations professionnelles sont enseignées et
suffisamment développées pendant les cours professionnels ? Si oui, comment nos
étudiants construisent-ils ces compétences ? Et enfin, est-ce qu’ils les pratiquent
suffisamment pour pouvoir communiquer couramment en français dans des
situations professionnelles ? Nous nous demandons comment nos étudiants, faute de
cette compétence professionnelle importante, pourraient travailler dans des hôtels
ou des restaurants où la communication verbale devient une composante essentielle
du travail et où on demande chez les salariés une compétence de communication
professionnelle solide. Une recherche sur les causes possibles de cette difficulté
nous semble être la première démarche pour améliorer la situation.
Il paraît que le cours du FOS n’est qu’une des composantes de la formation
professionnelle et que les cours professionnels sont les facteurs essentiels
permettant aux étudiants de construire leurs compétences professionnelles. En fait,
la formation de la Gestion de l’hôtellerie et de la restauration à l’EBAT se compose
de 185 crédits (15 séances par crédit) : 57 crédits pour les connaissances générales
et 128 crédits pour les connaissances spécifiques y compris le FOS qui comprend
seulement 25 crédits. En d’autres termes, le FOS n’est qu’une des conditions pour la
construction des compétences professionnelles chez étudiants, dont la compétence
de communication professionnelle.
Il semble que la communication en français dans des situations
professionnelles nécessite non seulement la compétence linguistique mais
également
d’autres
compétences
:
compétence
pragmatique,
compétence
sociolinguistique, compétence socioculturelle, compétence discursive, compétence
comportementale et stratégique ..., et surtout compétences professionnelles du
métier que le sujet-parlant exerce. Dans le cadre de ce travail de recherche, nous
nous intéressons seulement à la compétence de communication professionnelle en
situation de résolution de problème entre serveur-client ou réceptionniste-client.
Pour cela, il nous semble nécessaire de chercher à comprendre comment les cours
professionnels
aident
les
étudiants
à
construire
leurs
compétences
de
communication verbale interpersonnelle (ou interindividuelle). Nous sommes
persuadée que les étudiants peuvent construire leurs compétences professionnelles
en effectuant des activités ou des tâches que les professeurs leur proposent en
classe.
Selon les perspectives sociocontructivistes, les compétences ne peuvent être
construites qu’en situation et la tâche de l’enseignant est de « créer des situations
pour permettre à l’élève d’y construire des connaissances et de développer des
compétences » (JONNAERT, 2002 : 77). Or, en observant la réalité, nous avons
constaté que nos étudiants ne peuvent pas souvent communiquer aisément dans des
situations professionnelles malgré les efforts des enseignants qui, pour favoriser la
construction de la compétence de communication professionnelle des étudiants, ont
introduit dans leurs cours des situations-problèmes. La question se pose alors : estce que les situations introduites sont des vraies situations-problèmes ? Sont – elles
représentatives pour le métier du tourisme que les étudiants exerceront dans
l’avenir ?
D’autre part, pour que la compétence de communication professionnelle en
français puisse être acquise, il faut qu’on la pratique de façon régulière. En réalité,
nos étudiants n’ont pas appris le français avant d’être admis à l’université et là, ils
ont seulement 750 séances de français (375 séances de Français Général et 375
séances de FOS) à raison de 45 minutes par séance. En plus, le nombre des
étudiants par classe est très élevé : 60-70 étudiants / classe. Ceci nous pose des
difficultés dans l’organisation des activités de pratique de la langue française
professionnelle. En tant qu’enseignante de français, la question qui nous préoccupe,
c’est que comment faire pour que l’enseignement-apprentissage du français puisse
contribuer à l’efficacité de la formation qui se veut professionnalisante ?
Les constatations mentionnées ci-dessus nous ont amenée à formuler les
hypothèses suivantes.
Première hypothèse :
U
Pour faire acquérir la compétence de communication professionnelle en
français, il faudrait une formation qui intègre les différentes matières, pas seulement
celle du FOS ! Cette formation devrait viser la professionnalisation où il y a
l’interaction, l’intégration et la complémentarité des matières différentes.
Deuxième hypothèse :
U
Les situations introduites dans la formation devraient être des situationsproblèmes vraies et représentatives. En d’autres termes, les situations-problèmes
devraient être définies en fonction des activités professionnelles que doivent exercer
les étudiants une fois entré dans le métier.
Troisième hypothèse :
U
Pour que le français soit un lien dans l’interaction, l’intégration et la
complémentarité des matières, il faudrait construire des situations-problèmes dans
l’enseignement-apprentissage du Français Général et du FOS en Hôtellerie et
Restauration.
Nous
savons que la troisième hypothèse fait partie de la deuxième
hypothèse. Néanmoins, nous l’abordons aussi car le troisième porte sur le filière et
nous voulions traiter le problème plus spécifiquement.
Pour trouver des réponses aux questions posées, nous proposons, dans ce
travail de recherche, d’effectuer d’abord une recherche théorique sur le rôle de la
formation professionnalisante et celui de la situation-problème dans la construction
des compétences professionnelles en général et celle de la compétence de
communication au milieu professionnel en particulier. Nous procéderons ensuite à
analyser les programmes de la formation ainsi qu’à répertorier et à analyser des
situations introduites dans les cours professionnels et dans les séances d’expression
orale du Français Général et du FOS en Hôtellerie et Restauration. Enfin, nous
essayons de proposer une démarche de remédiation.
Notre mémoire se compose donc trois chapitres :
-
Le premier chapitre porte sur les notions théoriques liées à la
communication professionnelle, à la compétence de communication en
sphère professionnelle, à la formation professionnalisante et la situationproblème dans la construction des compétences professionnelles, y
compris la compétence de communication en situations professionnelles.
-
Le deuxième chapitre consiste à analyser des résultats obtenus de
l’analyse des programmes de formation, ceux de l’enquête réalisés chez
les enseignants et les étudiants de l’EBAT, et ceux de l’observation de
classe sur le processus de la construction de la compétence de
communication chez les étudiants dans et à travers les situations
introduites dans les cours professionnels, même dans les séances
d’expression orale du Français Général et
du FOS en Hôtellerie et
Restauration.
-
Dans le troisième chapitre, nous allons avancer quelques réflexions
d’ordre pédagogique qui pourraient améliorer l’enseignement actuel dans
notre établissement.
CHAPITRE 1 : CADRE CONCEPTUEL
2B
Pour comprendre bien le rôle de la formation professionnalisante et celui des
situations-problèmes dans la construction de la compétence de communication
professionnelle chez étudiants à l’EBAT, nous allons chercher les réponses pour les
questions suivantes :
-
Qu’est-ce que c’est la communication ? Est-ce que la communication
professionnelle est différente de celle de la vie quotidienne ? si la réponse est
positive, comment sont-elles différentes ?
-
Quelles sont les composantes les plus importantes de la communication
professionnelle en langue étrangère ?
-
Quels sont les rôles de la formation-professionnalisante et de la situationproblème dans la construction de la compétence de communication
professionnelle ?
Dans le cadre de cette recherche, nous n’aborderons pas le concept de la
communication professionnelle au sens général, mais nous l’examinerons seulement
dans le domaine du tourisme car ceci constitue l’objet de notre travail de recherche
ayant pour but d’améliorer l’enseignement-apprentissage à une école du tourisme.
Comme méthode d’analyse, nous étudierons d’abord la notion de la
communication au sens large et puis, dans le domaine du tourisme, et le concept de
la formation professionnalisante qui constituent les champs théoriques pour la
réalisation du mémoire. Nous clarifierons ensuite les liens entre les concepts
abordés et l’étude du terrain. Et enfin, nous adopterons la méthodologie qui nous
permet de réaliser cette recherche.
1. CHAMPS THÉORIQUE
B
2
1
1.1.
COMMUNICATION DANS LA VIE QUOTIDIENNE
32B
Dans le cadre de ce mémoire, nous nous limitons dans l’examen de trois
notions qui nous semblent les plus importantes dans la recherche des solutions
mentionnées ci-dessus : la communication, la situation de communication et la
compétence de communication
1.1.1. Quelques éléments de définition
47B
Il existe une multitude de définitions du terme de communication en fonction
des points de vue des chercheurs. D’abord, nous citons ici celle proposée par Le
dictionnaire Hachette encyclopédique (2002 : 349) qui nous paraît assez simple,
mais pertinente.
« Ensemble des phénomènes concernant la possibilité, pour un sujet, de
transmettre une information à un autre sujet par le langage articulé ou par
d’autre code ».
La communication est alors un acte au cours duquel un individu « émetteur »
adresse un « message » à un autre individu « récepteur » via un « canal ». C’est
justement ce qui est exprimé dans le schéma général de la communication du
linguistique R. JACKOBSON (1896 – 1982).
Schéma 1
Selon R. JACKOBSON, la communication est composée de six facteurs : le
destinateur, le destinataire, le message, le code, le contact et le contexte. Ces six
facteurs correspondent à six fonctions:
-
La fonction expressive : consiste à informer l'émetteur sur la personnalité de
celui qui transmet le message.
-
La fonction conative : va efforcer le destinateur à agir sur le destinataire.
Autrement dit,
la finalité de la communication est de faire agir le
destinataire, dans le sens souhaité par le destinateur.
-
La fonction phatique : est relative au contact. Elle permet de provoquer et de
maintenir le contact.
-
La fonction métalinguistique : s'exerce lorsque l'échange porte sur le code
lui-même et que les partenaires vérifient qu'ils utilisent bien le même code.
-
La fonction référentielle : est orientée vers le contexte dans la mesure ou c'est
de lui que va dépendre le message.
-
La fonction poétique : se rapporte à la forme du message dans la mesure où
elle a une valeur expressive propre.
Ce modèle de JACKOBSON a développé une réflexion sur le message dans
la communication verbale. Le destinataire doit décoder le message que le
destinateur lui transmet. Tous les autres facteurs (le contact, le contexte)
contribuent aussi à ce décodage : la relation physique et psychologique entre le
destinateur et le destinataire, l'ensemble des conditions sociales où se passe la
communication.
Ce concept de la communication au-dessus est considéré comme la
« communication-message » par P. ZARIFIAN (2001 : 42, 43).
Ainsi, nous pouvons affirmer que la communication verbale est l’échange
des informations entre un sujet parlant qui produit un message destiné à un autre
sujet parlant et que l’opération de cette communication se fait par l’encodage d’un
message par destinateur et le décodage de ce message par le destinataire.
Tout acte de communication a lieu dans une situation concrète. Autrement dit,
quand des personnes échangent des messages, elles sont en situation de
communication. La situation de communication donc se compose des personnes qui
participent à la communication, ainsi que du moment et du lieu où les messages sont
produits. Les composantes de la situation de communication peuvent être
explicitées par les questions suivantes :
- Qui parle ?
-> destinateur
- À qui ?
-> destinataire
- De quoi ?
-> message
- Quand ? Où ?
-> contexte
- Comment ?
-> code, canal
- Pourquoi ?
-> contact
Il y a trois principaux types de communication :
-
Communication interpersonnelle : la communication basant sur l’échange
entre un émetteur et un récepteur. C’est là en général que la compréhension
est la meilleure, mais le nombre de récepteur est limité à une seule personne.
La rétroaction est quasi systématique.
-
Communication de masse : un émetteur (ou un ensemble d’émetteurs liés
entre eux)
s'adressant à tous les récepteurs disponibles. Là, la
compréhension est considérée comme la moins bonne, car le bruit est fort,
mais les récepteurs bien plus nombreux. Elle dispose rarement d’une
rétroaction, ou alors très lente.
-
Communication de groupe : plus d’un émetteur s’adressant à une catégorie
d’individus bien définis, par un message ciblé sur leur compréhension et leur
culture propre. La communication de groupe est complexe et multiple car
elle est liée à la taille du groupe, la fonction du groupe, et la personnalité des
membres qui le compose.
Dans le cadre de cette recherche, nous nous intéressons seulement à la
communication interpersonnelle de face-à-face car nous étudierons le cas de la
communication entre le serveur et le client dans des situations de résolutions des
problèmes en milieu professionnel.
La communication interpersonnelle (ou interindividuelle) de face-à-face a
trois
caractères
fondamentaux
suivants
:
multicanale,
plurifonctionnelle,
contextualisée. (J. COSNIER, 1993 : 18)
La communication interpersonnelle de face-à-face est appelée multicanale
car elle se fait par des échanges où les productions verbales, les intonations vocales,
les mimiques, les gestes, les regards, les postures ... se combinent à parts variables
et selon les règles associatives et séquentielles pour constituer un « énoncé total ».
Autrement dit, la communication est à la fois verbale et non verbale. Cette
coordination interactionnelle, d’après J. COSNIER (1993 : 18), est « très
importante pour assurer l’efficacité de la communication informationnelle. C’est
elle qui optimise l’intercompréhension des locuteurs et leur permet de co-construire
progressivement leur entretien ».
La
communication
interpersonnelle
de
face-à-face
est
considérée
plurifonctionnelle car elle sert à réaliser des actes divers dont le « dire » ne
constitue qu’un aspect, la question pertinente pour rendre compte d’une interaction
n’est pas « qu’est-ce qui se dit ? » mais « qu’est-ce qui se fait ? » (J. COSNIER,
1993 : 20).
La communication interpersonnelle de face-à-face est contextualisée car un
énoncé peut être non seulement décodé au niveau sémantique par simple recours
aux codes linguistiques et kinésiques mais aussi interprété au niveau pragmatique
par une mise en rapport avec le contexte. Le contexte, selon J. COSNIER,
comprend quatre principaux composants : le cadre spatial et temporel, les
participants avec leurs caractères personnels et sociaux, la relation entre les
participants, et enfin la plate-forme communicative commune.
1.1.2.
La compétence de la communication
48B
a. Qu’est-ce qu’une compétence ?
La compétence est, à l’origine, un mot courant, du vocabulaire quotidien,
utilisé dans la vie de tous les jours. On a entendu des phrases du type de celle-ci :
« Mon frère est très compétent en mécanique auto : sa voiture ne va jamais
au garage » .
« Vous travaillez avec Monsieur Legrand ? Vous avez de la chance, il est
très compétent ».
Dans ces cas, le langage courant se contente de désigner, sans la définir, la
notion de compétence : il s’agit d’une manière efficace de comprendre un problème
et de le résoudre.
Aujourd’hui, le terme « compétence » est de plus en plus repris dans des
situations professionnelles par des professionnels. Le chef de service, concluant un
entretien définissant le profil du poste à pourvoir par recrutement avec le service du
personnel, proclamait – il : « Allez et tâchez de me trouver des gens compétents ! »
Alors, que désigne – t – elle la compétence ?
Selon P. PERRENOUD,
« une compétence est une capacité d’action
efficace face à une famille de situations, qu’on arrive à maîtriser parce qu’on
dispose à la fois des connaissances nécessaires et de la capacité de les mobiliser à
bon escient, en temps opportun, pour identifier et résoudre de vrais problèmes ».
(Entretien revue Vie Pédagogique n0112, Québec, 1999)
P
P
Une compétence, dans cette perspective ne peut nullement être prédite. Elle
est autant de tributaire du potentiel de l’individu (tels que le savoir, le savoir-faire
...) que de la situation et de son contexte. S’appuyant sur des connaissances, la
compétence est la capacité stratégique, indispensable dans un type défini de
situation dans laquelle il faut prendre des décisions et résoudre efficacement des
problèmes.
Au point de vue du professionnel, G. LE BOTERF (2008 B : 21) va dans le
même sens que P. PERRENOUD :
« On reconnaîtra donc qu’une personne sait agir avec compétence dans une
situation donnée si :
• elle sait combiner et mobiliser un ensemble de ressources appropriées
personnelles (connaissances, savoir-faire, comportements …) et de support (bases
de données, collègues, experts, autres métiers …) ;
• elle sait mettre en œuvre une pratique professionnelle pertinente :
− pour gérer cette situation en prenant en compte ses exigences et son
contexte particuliers,
− afin de produire des résultats (produits, services) satisfaisant à certains
critères de performance pour un destinataire (client, patient, usager …) ».
De plus, il assimile la compétence à un « savoir-mobiliser » :
« Posséder des connaissances ou des capacités ne signifie pas être
compétent. On peut connaître des techniques ou des règles de gestion comptable et
ne pas savoir les appliquer au moment opportun. [ ... ] L’actualisation de ce que
l’on sait dans un contexte singulier (marqué par des relations de travail, une
culture institutionnelle, des aléas, des contraintes temporelles, des ressources …)
est révélatrice du " passage " à la compétence. Celle-ci se réalise dans l’action.
Elle ne lui préexiste pas ... Il n’y a que de compétence que de compétence en acte ».
(G. LE BOTERF, 1994 : 16)
La compétence est ainsi dans la mobilisation : si les ressources à mobiliser
font défaut, il n’y a pas de compétence ; si les ressources sont présentes, mais ne
sont pas mobilisées en temps utile et à bon escient, il n’existe plus de compétence.
Pour l’individu, c’est passer du savoir-faire au savoir-mobiliser en particulier dans
les situations imprévisibles.
P. JONNAERT (2002 : 14) estime que les compétences « établissent les
interactions utiles entre la tâche qu’une personne réalise et le potentiel qu’elle
détient » et « la compétence articule la tâche à l’action du sujet ». En réalité, cette
tâche est toujours contextualisée dans des situations. Contexte, tâche, situation et
action deviennent ainsi les mots-clés de la réflexion sur la compétence.
À partir des conceptions de trois auteurs ci-dessus, nous arrivons à une
définition de la compétence suivante :
Une compétence est un ensemble de ressources que le sujet peut mobiliser
pour traiter une situation concrète avec succès.
De plus, « la compétence professionnelle consiste à faire face à des
événements de manière pertinente et experte. Et cette compétence appartient en
propre à l’individu, et non pas au poste de travail » (P. ZARIFIAN, 2001 : 38).
Aujourd’hui, la complexité des situations professionnelles nécessite que la
compétence permette aux agents une marge de manœuvre non contraignante pour
qu’ils mobilisent les ressources les plus appropriées à la situation singulière et
complexe qu’ils ont à traiter sans puiser dans un répertoire de réponses
préprogrammées. « Le résultat de la mobilisation, de la sélection, de la
coordination, de la mise en œuvre et des nombreux ajustements des ressources
utiles pour la traitement des tâches dans une situation donnée ou dans une classe de
situations » est la performance de « la compétence effective » (P. JONNAERT,
2002 : 40). La compétence effective est alors strictement dépendante des situations
et des représentations que les agents s’en font. Une compétence effective ne peut
être décrite que lorsque le traitement de la situation est terminé et réussi.
b. La compétence de communication
Selon les approches traditionnelles, il suffit de connaître, de posséder la
langue pour pouvoir communiquer. Pourtant, les approches modernes ne se
contentent plus de la seule compétence linguistique. S. MOIRAND (1982 : 20)
estime que la compétence de communication repose sur la combinaison de plusieurs
composantes :
-
Une composante linguistique, c’est-à-dire la connaissance et l’appropriation
(la capacité de les utiliser) des modèles phonétiques, lexicaux, grammaticaux
et textuels du système de la langue.
-
Une composante discursive, c’est-à-dire la connaissance et l’appropriation
des différents types de discours et de leur organisation en fonction des
paramètres de la situation de communication dans laquelle ils sont produits
et interprétés.
-
Une composante référentielle, c’est-à-dire la connaissance des domaines
d’expérience et des objets du mode et de leurs relations.
-
Une
composante
socioculturelle,
c’est-à-dire
la
connaissance
et
l’appropriation des règles sociales et des normes d’interaction entre les
individus et les institutions, la connaissance de l’histoire culturelle et des
relations entre les objets sociaux.
Ainsi, la compétence de communication comprend non seulement la
compétence linguistique mais aussi la compétence discursive, la compétence
référentielle et la compétence socioculturelle. La compétence linguistique permet à
un sujet de percevoir et de produire correctement une langue quelconque. La
compétence discursive est celle de réalisation des actes langagiers en appropriant
des différents types de discours. Elle permet à un sujet d’établir tel ou tel contact
avec un autre sujet dans un contexte déterminé de façon la plus adéquate. La
compétence référentielle renvoie au mode et aux relations des savoirs spécifiques
dans un domaine. La compétence sociolinguistique renvoie aux éléments
socioculturels à prendre en compte dans l’utilisation de la langue cible. C’est elle
qui joint les compétences linguistique et discursive et qui est au cœur du dispositif.
En bref, être capable de communiquer, c’est être capable d’utiliser efficacement la
langue dans un contexte singulier et au moment opportun.
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