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KHOA ĐÀO TẠO SAU ĐẠI HỌC
LUẬN VĂN THẠC SỸ
CÁC VẤN ĐỀ VỀ DỊCH CÁC ĐỊNH TỐ ĐỊNH TÍNH CỦA DANH TỪ
TỪ TIẾNG PHÁP SANG TIẾNG VIỆT
PROBLEMES DE TRADUCTION DES DETERMINANTS
CARACTERISANTS DU NOM FRANÇAIS EN VIETNAMIEN
Họ và tên học viên
: Đặng Thị Dưỡng
Giáo viên hướng dẫn : TS. Nguyễn Việt Tiến
Chuyên ngành
: Ngôn ngữ Pháp
Khóa
: K25 (2017-2019)
Hà Nội – 2019
MINISTERE D’EDUCATION ET DE FORMATION
UNIVERSITE DE HANOI
DEPARTEMENT DE FORMATION POST-UNIVERSITAIRE
MEMOIRE DE MASTER
PROBLEMES DE TRADUCTION DES DETERMINANTS
CARACTERISANTS DU NOM FRANÇAIS EN VIETNAMIEN
Rédigé par
: Đặng Thị Dưỡng
Sous la direction du
: Pr. Nguyễn Việt Tiến
Spécialité
: Langue française
Promotion
: 25 (2017-2019)
Hanoi - 2019
ENGAGEMENT DE NON PLAGIAT
Je, soussigné(e)…………………………………………………………………………………
atteste avoir pris connaissance du contenu de cet engagement de « non-plagiat » et déclare m’y
conformer dans le cadre de la rédaction de ce mémoire. Je déclare sur l'honneur que le contenu
du présent mémoire est original et reflète mon travail personnel. J'atteste que les citations sont
correctement signalées par des guillemets et que les sources de tous les emprunts ponctuels à
d'autres auteur-e-s, textuels ou non textuels, sont indiquées. Le non respect de cet engagement
m’exposerait à des sanctions.
LỜI CAM ĐOAN
Tôi xin cam đoan số liệu và kết quả nghiên cứu trong luận văn này là trung thực và chưa hề
được sử dụng để bảo vệ một học vị nào. Mọi sự giúp đỡ cho việc thực hiện luận văn này đã
được cảm ơn và các thông tin trích dẫn trong luận văn đã được chỉ rõ nguồn gốc rõ ràng và
được phép công bố.
Signature
Ký tên
i
RÉSUMÉ
Dans un syntagme nominal, le nom noyau peut être déterminé par plusieurs déterminants.
L'étude que nous avons menée porte sur un type de déterminants du nom : les caractérisants et
des problèmes dans leur traduction du français en vietnamien.
Nous tentons d’abord d’analyser les caractérisants du nom en français, puis d’identifier leurs
équivalents en vietnamien et les différences entre les deux langues. Une analyse d’un corpus
constitué d’extraits des œuvres bilingues nous permet d’identifier des problèmes qui se posent
dans la traduction de ce type de déterminant du nom français en vietnamien. A partir de ces
résultats, nous avons trouvé les causes principales des erreurs et proposé une solution pour une
bonne traduction.
Mots clés : syntagme nominal, nom noyau, caractérisant du nom, traduction.
ii
REMERCIEMENTS
Je tiens tout d’abord à exprimer mes profonds remerciements à M. Nguyen Viet Tien,
professeur du Département de français pour ses conseils, son orientation, son encouragement
et sa disponibilité qu’il m’a accordés.
Ma reconnaissance s’adresse également à M. Vu Van Dai pour son temps consacré à répondre
à mes questions concernant le sujet d’étude et pour ses suggestions de lecture.
Mes vifs remerciements vont à mes professeurs qui m’ont transmis des connaissances avec
leur enthousiasme et leur amour pour le français.
Enfin, je souhaite également adresser mes sincères remerciements à mes parents, mes proches
et mes amis pour leur soutien précieux, leur encouragement et leur aide lors de la réalisation
du présent mémoire.
iii
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION .................................................................................................................... 1
CHAPITRE I ............................................................................................................................. 4
LES DETERMINANTS CARACTERISANTS DU NOM EN FRANÇAIS ....................... 4
1.1.
Définition et structure du syntagme nominal .......................................................... 4
1.2.
Le nom-noyau ............................................................................................................. 5
1.2.1
Classification ........................................................................................................ 5
1.2.2
Genre .................................................................................................................... 6
1.2.3
Fonctions grammaticales..................................................................................... 7
1.3.
Les déterminants du nom .......................................................................................... 8
1.4.
Les déterminants caractérisants stricts du nom ...................................................... 9
1.4.1
Adjectif qualificatif ............................................................................................ 10
1.4.2
Complément du nom .......................................................................................... 13
1.4.3
Subordonnée relative ......................................................................................... 15
1.4.4
Proposition subordonnée conjonctive complétive............................................. 25
1.5.
Conclusion ................................................................................................................. 26
CHAPITRE II ......................................................................................................................... 28
EQUIVALENCE DES DETERMINANTS CARACTERISANTS DU NOM EN
VIETNAMIEN ........................................................................................................................ 28
2.1.
Description du syntagme nominal en vietnamien ................................................. 28
2.2.
Le complément du nom ........................................................................................... 34
2.3.
L’adjectif ................................................................................................................... 38
2.3.1
Définition et fonction ......................................................................................... 38
2.3.2
Place et classification ......................................................................................... 39
2.4.
La phrase imbriquée ................................................................................................ 40
2.4.1
Equivalence de la proposition subordonnée relative ........................................ 40
2.4.2
Equivalence de la proposition subordonnée conjonctive ................................. 43
2.5.
Remarques générales des caractérisants en français et en vietnamien ............... 43
iv
2.6.
Conclusion ................................................................................................................. 45
CHAPITRE III ........................................................................................................................ 47
PROBLEMES DE TRADUCTION DES DETERMINANTS CARACTERISANTS DU
NOM ......................................................................................................................................... 47
3.1.
Présentation des corpus ........................................................................................... 47
3.2.
L’adjectif ................................................................................................................... 48
3.2.1
Problèmes de sens .............................................................................................. 48
3.2.2
Problèmes de choix de mots ............................................................................... 50
3.2.3
Adjectifs à valeur intensive ................................................................................ 51
3.2.4
Autres problèmes et solutions ............................................................................ 53
3.3.
Le complément du nom ........................................................................................... 54
3.3.1
Complément introduit par la préposition de ..................................................... 54
3.3.2
Complément introduit par la préposition à ....................................................... 61
3.3.3
Complément introduit par d’autres prépositions .............................................. 63
3.4.
La proposition subordonnée.................................................................................... 66
3.4.1
La proposition subordonnée relative ................................................................. 66
3.4.2
La proposition subordonnée conjonctive .......................................................... 72
3.5.
Conclusion ................................................................................................................. 73
CONCLUSION ....................................................................................................................... 74
BIBLIOGRAPHIE.................................................................................................................. 76
v
INTRODUCTION
1.
Problématique
La langue joue un rôle très important dans la communication de l’homme. Il s’agit là du
moyen le plus utilisé puisqu’il est le plus efficace. Cependant, il existe actuellement environ
6000 langues parlées dans le monde entier, selon les estimations. Ainsi, la traduction, le
processus qui nous permet de nous comprendre, est indispensable. Évidemment, la traduction
n’est pas un travail facile. Elle exige non seulement une bonne maîtrise des deux langues mais
également des connaissances dans les domaines de travail.
Cependant, puisque des points de divergence entre langue source et langue cible sont toujours
des obstacles importants, l’apprentissage des langues étrangères constitue un grand défi, et
celui du français n’est pas une exception. Pour les apprenants vietnamiens, ce travail est
d’autant plus difficile que le français est une langue flexionnelle tandis que le vietnamien est
une langue isolante. En effet, pendant l’apprentissage de la langue française et de la traduction
à l’université, nous constatons que la grammaire de la langue de Molière est une source de
complications qui apportent de nombreuses difficultés non seulement aux étudiants mais
encore aux traducteurs. Ils ont du mal, entre autres, à bien utiliser et traduire les déterminants
du nom tandis que ces derniers sont très fréquents dans les textes français, étant donné que les
Français préfèrent employer le groupe nominal. Ce constat nous a incitée à choisir comme
objet d’étude les déterminants nominaux et dans le cadre de ce mémoire, nous nous limitons à
étudier les caractérisants stricts en français, à savoir les adjectifs qualificatifs, les compléments
du nom, les relatives et conjonctives déterminatives.
Ainsi, le sujet de notre recherche est le suivant : « Problèmes de traduction des déterminants
caractérisants du nom français en vietnamien ». Cette étude vise à contribuer à ce domaine de
recherche en apportant à des apprenants de français ainsi qu’à des traducteurs des informations
utiles sur les déterminants caractérisants en français et leur traduction du français en
vietnamien.
2.
Objectifs de recherche
Notre recherche a pour objectif :
-
d’étudier les fonctions et les valeurs des caractérisants du nom en français
-
d’identifier leurs équivalents en vietnamien
-
d’élucider des problèmes rencontrés lors de la traduction des caractérisants du nom
français en vietnamien.
3.
Questions de recherche
Pour y parvenir, nous cherchons à répondre aux questions suivantes :
-
Quels sont les caractérisants du nom en français ? Quelles sont leurs fonctions et
valeurs ?
-
Quels sont leurs équivalents en vietnamien ?
-
Quelles sont des difficultés dans la traduction des caractérisants du nom français en
vietnamien ? Quelles sont les solutions ?
4.
Méthodologie de recherche
Dans ce mémoire, nous adoptons les méthodes suivantes :
En premier lieu, nous entreprenons la recherche bibliographique qui nous permet de connaître
les principales idées et les points de vue des recherches déjà effectuées sur ce sujet.
- Étude descriptive des déterminants caractérisants du nom en français (caractéristiques,
fonctions, valeurs).
- Recherche des équivalents des déterminants caractérisants du nom français en vietnamien.
- Analyse des problèmes de traduction des déterminants caractérisants du nom français en
vietnamien.
- En cas de problème, confrontation des traductions avec les textes d’origine en français et
proposition de solutions.
Pour construire notre corpus, nous utilisons des extraits des œuvres littéraires bilingues
publiées.
5.
Plan général de la recherche
Notre mémoire se compose de trois chapitres :
Dans le premier chapitre, nous construisons un cadre théorique et conceptuel. Nous y
abordons la structure du groupe nominal, le nom-noyau et ses déterminants dont les
caractérisants. Ensuite, nous étudions leurs fonctions et valeurs.
Nous identifions, dans le deuxième chapitre, les équivalents en vietnamien des déterminants
caractérisants du nom en français.
Dans le dernier chapitre, sur la base d’un corpus extraits des œuvres littéraires bilingues
publiées, nous discutons des problèmes de traduction des déterminants caractérisants français
en vietnamien et proposons des solutions.
CHAPITRE I
LES DETERMINANTS CARACTERISANTS DU NOM EN FRANÇAIS
1.1.
Définition et structure du syntagme nominal
Avant d’aborder les déterminants caractérisants du nom, nous allons tout d’abord discuter du
syntagme nominal. Qu’entend-on par un syntagme nominal ?
Wilmet, dans La détermination nominale, définit le syntagme nominal comme la « séquence
ordonnée de mots qui réunit autour d’un substantif (S) la totalité de ses déterminants (D) avec
leur expansion (Y). » (Wilmet, 1986, p.73).
Selon A. Martinet (1979, p.19), le syntagme nominal est « l’ensemble formé par (1) un
monème ou un groupe de monèmes déterminant d’un monème central, le noyau, (2) ce noyau,
et, (3) lorsqu’elle est exprimée, la marque de sa dépendance vis-à-vis du reste de l’énoncé. ».
Nous rappelons que dans cette définition, le monème correspond à un morphème lexical de la
linguistique structurale.
Dans ces deux définitions, Wilmet met l’accent sur la « séquence ordonnée », en d’autres
termes, une séquence désordonnée ne fait pas un syntagme nominal ; tandis que Martinet, lui,
parle de la dépendance du syntagme nominal avec d’autres constituants de l’énoncé. Le
syntagme nominal se forme pour pouvoir être en relation avec le reste de la phrase. Il ne peut
que montrer toutes ses attitudes morphosyntaxiques à l’intérieur de la phrase, sa
macrostructure.
Malgré ces différences dans la définition, en tout cas, le syntagme nominal se compose d’un
nom-noyau et ses déterminants.
- La robe noire de ta sœur
Dans l’exemple ci-dessus, le monème central du syntagme nominal est « robe », précédé de
son déterminant « la » qu’est l’article défini « la » qui signifie que la robe en question est
4
identifiable par les interlocuteurs. Son emploi s’explique par l’adjectif épithète « noire » et le
complément du nom « de ta sœur ».
Nous analysons la nature et les fonctions des constituants du syntagme nominal dans les
parties suivantes.
1.2.
Le nom-noyau
Le nom, appelé aussi le substantif, constitue le monème noyau du syntagme nominal. Il sert à
désigner une réalité abstraite ou concrète comme une personne, un animal, une chose, une
idée, un phénomène, un sentiment, etc. Le nom varie en nombre et en genre.
1.2.1 Classification
En général, on peut classifier de plusieurs manières les noms en se basant sur leurs traits
sémantiques. En effet, on distingue les noms propres des noms communs, les noms de
personne des noms de chose, les noms abstraits des noms concrets, les noms animés des noms
non-animés, les noms comptables des noms non-comptables (massifs). Parmi ces distinctions,
celle de nom comptable / non-comptable a fait l’objet d’étude de plusieurs grammairiens.
Les noms comptables et les noms massifs constituent deux sous-classes des noms communs,
chacune est caractérisée par des critères morphologiques. En effet, les noms comptables sont
employés au pluriel ou au singulier tandis que les noms non-comptables sont invariables, le
plus souvent au singulier. Les noms massifs peuvent être précédés de l’article partitif du / de
la et des expressions comme un peu de, beaucoup de, moins de, plus de. Les noms
comptables, quant à eux, peuvent suivre les articles défini ou indéfini, des adjectifs numéraux,
des expressions quantitatives comme aucun(e), certains, chaque, divers, plusieurs, quelques,
un grand nombre de et des adjectifs comme différent(s), distinct(s), nombreux.
A première vue, ces critères et combinaisons sont suffisants afin de distinguer les deux sousclasses des noms : noms comptables et noms massifs. Mais presque tous les noms sont
susceptibles d’être utilisés de façon comptable ou non-comptable comme résume M. Galmiche
(1988, cité par Kleiber, 1989, p.84) : « Tout nom comptable peut avoir un emploi massif, et
inversement, tout nom massif peut avoir un emploi comptable ».
5
En effet, des noms qui semblent être comptables tels que poulet, crocodile, serpent, chou-fleur
peuvent s’utiliser de façon massive dans certains contextes concrets :
- Il a mangé du poulet hier.
- Ton sac, c’est du crocodile ou du serpent ?
- Donnez-moi un peu de chou-fleur !
Inversement, des noms qui sont considérés comme massifs comme vin, bière, eau, admiration
peuvent devenir des noms comptables :
- Nous avons bu un très bon vin.
- Je voudrais cinq bières, s’il vous plaît !
- Pendant le voyage en Thaïlande, ils ont nagé dans une eau turquoise.
- Christine éprouve une admiration sans limite pour son idole.
Afin de sortir de cette impasse, selon la position de K. Allan (1980, cité par Kleiber, 1989,
p.84), le nom doit être envisagé à deux niveaux :
(i) à un niveau interne, celui du nom non encore déterminé.
(ii) à un niveau externe, celui du syntagme nominal où les déterminants contribuent à
l’établissement du trait massif ou comptable (ou neutre).
Le nom ne change pas de notion, mais il peut avoir de différents effets de sens grâce à des
déterminants. Ce sont ces derniers qui apportent au nom le trait massif ou comptable à son
niveau externe.
1.2.2 Genre
Le nom dans la langue française est analysé selon deux critères : le nombre et le genre. Dans
la partie ci-dessus, nous avons mentionné l’aspect de nombre du substantif. Quant au genre, le
nom en français en a deux : le masculin et le féminin. A la différence du latin, le genre neutre
n’existe pas dans la langue de Molière.
6
Pour les noms animés (désignant des personnes et des animaux), le genre varie selon le sexe,
le genre biologique, du référent : une femme / un homme, un bœuf / une vache. Tandis que les
noms inanimés ont un seul genre et sont classés de façon plutôt arbitraire, c.-à-d. sans rapport
avec le sens du nom. Des oppositions des deux genres, dans ce cas, sont simplement
grammaticales : le jour, la nuit, un t-shirt, une jupe.
Malgré l’arbitraire dans la classification des noms, la terminaison du mot peut parfois nous
aider à distinguer le masculin et le féminin. Par exemple : les substantifs qui se terminent par tion, -ité, -ure, -ance, -ence, - ée sont généralement féminins ; tandis que les noms qui ont les
terminaisons comme -ment, -isme, -age sont habituellement masculins.
Cependant, il existe en français des mots qu’on appelle les épicènes (du latin epicoenus, du
grec epikoinos, signifiant « possédé en commun »). Epicène désigne un nom animé qui a la
même forme au masculin ainsi qu’au féminin : témoin, individu, voyou,… De la même façon,
certains noms (de profession notamment) ne disposent que d’un genre pour les deux
sexes comme un médecin, une vedette.
En outre, il y a des noms qui sont de formes identiques aux deux genres, mais leurs sens sont
différents : un tour / une tour, un mémoire / une mémoire, le mode / la mode, etc. Le genre, et
le sens, sont donc exprimés par le déterminant.
1.2.3 Fonctions grammaticales
Le nom peut avoir plusieurs fonctions grammaticales dans la phrase.
Fonction
Exemple
Sujet
Le soleil brille.
Attribut
Ma femme est professeur.
Complément d’objet direct
Il est en train d’écrire une lettre.
Complément d’objet indirect
Il téléphone à son amie.
Complément circonstanciel
Je vais à l’école.
7
Complément déterminatif (ou du nom)
Elle attend le coucher du soleil.
Complément de l’adjectif
Nam est inquiet de son frère.
Complément de l’adverbe
J’ai beaucoup de choses à faire aujourd’hui.
Complément d’agent
Ce livre est écrit par son père.
Apostrophe
Les enfants, à table !
Apposition
Michel, mon collègue, vient de divorcer.
1.3.
Les déterminants du nom
Un déterminant précède ou suit un nom, qui forme, avec ce nom, un groupe nominal. Sa
fonction syntaxique est d’actualiser le nom dont il est satellite. En effet, un nom sans
déterminant désigne une notion générale, comme lac, maison, enfant, tandis qu’en étant
combiné à un ou plusieurs déterminants, il devient une expression référentielle susceptible de
renvoyer à un référent extralinguistique. Par exemple :
- Il y a un beau lac près de chez moi.
- Mon amie a acheté cette maison.
- Son enfant vient de partir en France.
Le déterminant s’accorde en nombre et en genre avec le substantif qu’il détermine:
- le serveur, la serveuse, les serveurs, les serveuses
Le nom noyau peut être : masculin singulier, féminin singulier, masculin pluriel et féminin
pluriel, le déterminant varie en conséquence (le, la, les).
En matière de classification des déterminants nominaux, on appelle les déterminants qui
précèdent le nom les prédéterminants que sont les articles, les adjectifs possessifs,
démonstratifs, numéraux et indéfinis.
- la ville
8
- leurs parents
- ce livre
- dix voitures
- quelques phrases
Outre les prédéterminants, il y a également les déterminants qui suivent le nom-noyau, appelés
postdéterminants. Il s’agit de l’adjectif qualificatif, des compléments déterminatifs, des
subordonnées en fonction de complément du nom ou d’un autre déterminant équivalent.
- un souvenir inoubliable
- le téléphone de ma mère
- la ville où elle travaille
- l’impression que quelqu’un me suit
Selon Wilmet (1983, p.18), les déterminants expriment l’extensité et l’extension du nomnoyau. Le linguiste belge définit l’extensité comme « la quantité d’êtres ou d’objets du monde
auxquels le discours applique momentanément un substantif » et l’extension comme
« l’ensemble potentiel des êtres ou des objets qu’il dénote ». Nous parlerons des indicateurs
d’extension – des caractérisants – dans la partie qui suit.
1.4.
Les déterminants caractérisants stricts du nom
M. Wilmet (1997, p.97) définit les caractérisants comme suivant : « Les déterminants
caractérisants resserrent l’extension du noyau par l’apport d’une différence spécifique ».
L’auteur distingue trois types de caractérisants : (1) caractérisants stricts, (2) caractérisants
numériques et (3) caractérisants possessifs. Les caractérisants stricts comprennent les adjectifs
qualificatifs, les compléments déterminatifs, les relatives et conjonctives déterminatives. Les
caractérisants numériques recouvrent les adjectifs numéraux ordinaux. Les caractérisants
possessifs se composent des possessifs toniques de l’ancien français (un mien cousin). Ciaprès, nous allons faire une analyse détaillée des caractérisants stricts en français.
9
1.4.1 Adjectif qualificatif
Le mot « adjectif » vient du latin « adjectivum » signifiant « qui s’ajoute à ». L’adjectif
qualificatif est un mot qui s’ajoute à un nom pour lui apporter une précision ou une
caractéristique :
- J’aime la robe blanche. (Ce n’est pas n’importe quelle robe que j’aime, c’est la robe
blanche).
L’adjectif varie en genre et en nombre avec le nom auquel il se rapporte.
- un bon vin
- une bonne traduction
- les étudiants vietnamiens
- les étudiantes vietnamiennes
1.4.1.1.
Fonctions de l’adjectif
La grammaire attribue à toutes les catégories de mots une fonction. Ainsi, tous les adjectifs
qualificatifs ont, dans un contexte précis, des fonctions différentes. Selon Martinet (op. cit.,
p.72), il revêt trois fonctions :
comme des prédicats à copule (attribut)
- Michel devient grand.
comme des prédicatoïdes appositifs sans copule ou comme des prédicatoïdes sans
copule
- Énervé, il sortit de la maison sans rien dire.
- Je le trouve cher.
comme des déterminants non-appositifs des noms, mais non des pronoms. On les
appelle alors des épithètes.
10
- une bouteille vide, la voiture rouge, un bel appartement, les chaussures noires
Cependant, tous les adjectifs ne connaissent pas toutes les trois fonctions. Certains
n’apparaissent que dans une ou deux fonctions. Dans ce mémoire, nous allons analyser sa
troisième fonction – la fonction épithète. Dans La détermination nominale, Marc Wilmet (op.
cit., p. 132) donne une définition large de cette fonction : « L’épithète désigne à proprement
parler la fonction déterminative, qui est interprétable en termes de quantification et/ou de
caractérisation ».
1.4.1.2.
Place et valeurs de l’adjectif
La position de l’épithète par rapport au noyau du syntagme nominal constitue une particularité
en français. Il est important d’étudier ce problème parce que sa place est un facteur lié à ses
valeurs.
L’adjectif se trouve juste à côté du nom, sans intermédiaire, en occupant l’une des deux
positions : avant ou après le nom. Cependant, l’ordre plus fréquent est l’ordre substantifadjectif. En effet, Wagner et Pinchon (2001, p.152-153) estiment que « l’adjectif épithète se
construit directement avec le substantif qu’il détermine » mais « d’une manière générale, un
adjectif épithète tend à se placer après le substantif auquel il se rapporte ». Martinet, dans La
grammaire fonctionnelle du français, donne un chiffre : l’adjectif est post-nominal à 80%.
Habituellement, les adjectifs qui désignent la couleur, la forme, la nationalité, la religion, les
adjectifs longs ainsi que les participes employés comme adjectifs sont placés après le
substantif tandis que les adjectifs courts et les adjectifs numéraux ordinaux sont antéposés au
substantif. En outre, l’adjectif épithète précède le nom pour former les mots complexes : une
chauve-souris, un rond-point, un blanc-manteau,…
La valeur principale de l’adjectif qualificatif est ainsi de caractériser le nom qu’il détermine.
En étant combiné avec les adjectifs, le nom a des caractéristiques pour se distinguer d’autres
noms. En d’autres termes, des sous-ensembles d’un ensemble sont créés avec les adjectifs :
des tables des tables rondes, des tables carrées, des tables rectangulaires, etc.
La place de l’épithète est strictement liée à ses valeurs d’emploi. Les adjectifs postposés au
substantif ont une valeur purement adjectivale (un chat noir, un film français, une table
11
ronde). En plus, sa postposition traduit souvent une valeur prédicative parce qu’elle sert à la
description objective de l’objet indiqué par le nom (une odeur désagréable = une odeur qui
est désagréable). En sens contraire, certains adjectifs antéposés au substantif ont une valeur
intensive. « L’antéposition de l’adjectif tend à lui faire perdre sa valeur spécifique qui se
maintient en postposition, dans les emplois prédicatifs et dans les dérivés apparentés »
(Martinet, op. cit., p.80). En précédant le nom, l’adjectif connaît un changement de sens par
rapport à sa postposition normale au nom : un pauvre homme = un homme malheureux, un
homme pauvre = un homme qui n’est pas riche ; ma propre maison = la maison qui
m’appartient, une maison propre = une maison pas sale ; un grand homme = un homme
célèbre, un homme grand = un homme de grande taille ; les mêmes causes = les causes
identiques, la simplicité même = la simplicité exacte, pure.
Néanmoins, certains adjectifs ne changent pas de sens en se plaçant avant ou après le nom. Il
s’agit des adjectifs qui permettent d’exprimer une appréciation comme un travail excellent, un
excellent travail. D’ailleurs, dans certains emplois, l’antéposition de l’adjectif favorise
l’équilibre phonique et rythmique de la phrase : un élève doué au lieu d’un doué élève. Et son
antéposition s’utilise, surtout dans la littérature, pour créer des effets stylistiques. Prenons un
exemple dans « La cigale et la fourmi » de La Fontaine :
Elle alla crier famine
Chez la Fourmi sa voisine,
La priant de lui prêter
Quelque grain pour subsister
Jusqu'à la saison nouvelle.
« Je vous paierai, lui dit-elle,
Avant l'août, foi d'animal,
Intérêt et principal. »
12
Dans cet exemple, l’adjectif « nouvelle » qui est habituellement pré-nominal est postposé au
nom « saison » afin de faire le rime avec le mot « elle » dans le vers suivant.
1.4.2 Complément du nom
Le complément du nom, ou le complément déterminatif, est un mot ou un groupe de mots qui
complète le nom. Il ne peut pas être déplacé et se trouve juste après le nom qu’il enrichit.
Exemples : le portable de mon père, la salle à manger
Le complément déterminatif est souvent introduit par une préposition. Les prépositions
courantes qui sont combinées avec le complément du nom sont à, de, en mais parfois on
trouve par, sans, pour, sur…
- le stylo de Paul
- une assiette à café
- le voyage en avion
- une chemise sans manches
- le train pour Paris
Toutefois, le complément du nom se place après le substantif sans intermédiaire : un gâteau
maison (un gâteau préparé à la maison), l’avenue Louise. Cette construction est souvent
utilisée dans la langue commerciale : le rayon épicerie, votre location vacances.
Généralement, une préposition peut avoir plusieurs sens, en fonction du nom qu’elle
accompagne.
- Table en métal (la matière)
- Le voyage en avion (le moyen de transport)
D’ailleurs, quand on change la préposition, le complément du nom connaît un changement de
sens :
- un verre de vin : un verre qui contient du vin (le contenu)
13
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